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Le Centre communautaire des femmes sud-asiatiques est profondément ébranlé et attristé par la tragédie qui a causé la mort des deux enfants de la famille Arora, deux vies qui se sont achevées prématurément à 10 et 13 ans, alors que la mère demeure à l’hôpital à la suite de sévices de violence conjugale.
Nous présentons nos plus sincères condoléances à madame Arora pour la perte de ses précieux enfants, ainsi qu’à la famille, aux amis et aux camarades d’école des enfants qui doivent maintenant vivre avec les conséquences de cette violence impardonnable. Notre déclaration de sympathie se veut aussi un rappel que nous sommes là pour soutenir toutes celles dans le besoin et les encourager à nous contacter si leur sécurité est menacée.
Nos 40 ans d’expérience nous renseignent que la violence faite envers les femmes et les enfants trouve ses racines dans le patriarcat. Les systèmes patriarcaux permettent de justifier et d’excuser la violence masculine envers les femmes et les enfants. Le patriarcat crée et perpétue une culture de domination et de privilèges masculins. Il constitue une entrave à la société, et collectivement, nous devons travailler ensemble pour l’abolir.
Nous sommes également choquées par la déclaration du service de police de Laval qui relègue la tragédie au simple rang de « drame familial ». Une telle déclaration faite sur une plateforme publique occulte la nature haineuse et violente de l’acte. En outre, cette terminologie nous paraît nouvelle pour décrire un meurtre aussi violent, si bien que nous y voyons une manifestation de la perpétuation de stéréotypes racistes, une réalité bien connue de la communauté sud-asiatique. Le fait que ce type de meurtre et de violence puisse être qualifié de « drame familial » dans ce contexte met en évidence le racisme systémique qui contamine notre société et qui demeure largement ignoré contre toute logique.
Le service de police a le devoir de servir la population sans préjugé, sans discrimination et avec sensibilité. Les mots ne sont pas inoffensifs, ils ont un poids. Le cas présent montre la nécessité pour les policiers de Montréal et de partout dans la province de travailler étroitement avec les organismes communautaires pour éclairer leur compréhension des enjeux afin qu’ils traitent les crimes haineux comme tels. Nous devons pouvoir avoir la certitude que les policiers se préoccupent avant tout de notre protection au lieu de nous sentir menacées, jugées et victimisées davantage par la présence policière. Les tragédies comme celle qui a affligé la famille Arora doivent être prévenues.
Nous sommes profondément attristées pour madame Arora, mais aussi pour ses enfants qui ont été privés de l’avenir qu’ils méritaient. Nous voulons tous un monde meilleur et plus sécuritaire, particulièrement pour nos enfants et leurs enfants.
Toutes les recherches sur la pandémie ont révélé la lourdeur des fardeaux de la vie à la maison, spécifiquement ceux qui pèsent sur les femmes à l’échelle de la société au complet. Elles ont dû vivre cloisonnées avec les auteurs d’actes de violence et les abuseurs 24/7, sans avoir accès à un téléphone ni pouvoir joindre de centres d’aide alors qu’eux aussi subissaient les mesures de confinement. Les services sociaux ont atteint leurs limites. Le financement doit être investi aux bons endroits, dans les organismes qui peuvent prévenir de telles tragédies.
Personne n’est en sécurité tant que TOUTES les femmes et TOUS les enfants le sont !